Bienvenue à Sarajevo

La renaissance d’une ville

Cette fois, on sort un peu des sentiers battus. Après avoir respiré l’air de Manchester l’industrielle, de Varsovie la cosmopolite et de Dubrovnik l’éternelle, on prend la direction de Sarajevo. Malgré un nom qui n’est pas sans évoquer la guerre et la violence, la capitale de la Bosnie-Herzégovine a pourtant vécu une incroyable renaissance. Il s’agit désormais d’une ville d’une grande douceur où se conjuguent des cultures très différentes les unes des autres et où se cachent des secrets improbables pour qui sait les observer. 

Notre balade de la semaine commence dans la vieille ville de Sarajevo, appelée Baščaršija. Mais que l’on soit clair tout de suite : ne vous attendez pas à un gigantesque centre-ville où s’enchaînent les palais et les cathédrales. Si la capitale bosnienne possède les siens, il s’agit d’une petite ville de moins de 300 000 habitants où rien n’est bien loin. En ce qui concerne son centre ancien, il a le bon goût de ne ressembler à aucun autre. D’influence ottomane, on y déambule donc entre les étals de bois recouverts de cafetières à la turque, de bijoux et autres objets traditionnels, les mosquées à l’architecture splendide et les petits cafés où il fait bon s’asseoir pour un petit-déjeuner traditionnel.

On change complètement d’ambiance en fonçant vers la Contemporary art gallery Brodac. Fondée par le jeune artiste Mak Hubjer, cette galerie alternative est entièrement dédiée à un art qui se définit comme social et politiquement incorrect. On y trouve donc sans surprise des œuvres de toute la scène émergente de Bosnie-Herzégovine, toujours en quête de nouveauté, d’innovation et d’insolence. Une partie des lieux est aussi consacrée à la façon dont la jeunesse locale a résisté au despotisme. Un lieu comme on en voit peu et, donc, un immanquable pour les passionnés d’art. 

Malgré la petite taille de Sarajevo, la ville attire suffisamment de touristes pour qu’il soit nécessaire d’éviter les restaurants un peu trop en vue afin de ne pas tomber dans un piège commercial. Pour le déjeuner, on pousse la porte du Bistro Sami. Pourquoi celui-ci ? Parce que ce petit restaurant ultra local qui ne paie pas de mine est le lieux idéal pour profiter d’un véritable repas bosnien, fait de nombreux plats de viandes, de pommes de terre et de différents types de beignets. Accueilli par un patron comme il n’en existe plus que dans les vieux livres, vous pourrez aussi ressentir ce qu’est le concept du merak, le plaisir des petites choses comme on le définit dans ce pays. Inoubliable et déroutant.

Après cet étonnant déjeuner, on s’enfonce sous la ville pour découvrir le Tunel spasa, le tunnel de l’espoir. Creusé par les habitants de la ville pour aller de Sarajevo à l’aéroport des Nations-Unis en évitant les bombardements, il constitue aujourd’hui une façon de se plonger dans l’omniprésente histoire de la ville tout en s’offrant une expérience d’un genre très rare. Dans le même esprit, si vous avez emmené vos enfants en week-end, faites un tour au Safet Zajko Centar. Il s’agit d’un ancien complexe militaire reconverti en centre de loisirs qui s’appuie sur les structures de son ancienne fonction pour offrir des dizaines d’activités. L’un des nombreux exemples de la façon dont le peuple de Bosnie-Herzégovine se réapproprie les cicatrices de la guerre, qu’elles soient urbanistiques ou psychologiques. 

Enfin, on boucle cette journée avec une autre sortie en plein air en se rendant au parc Vrelo Bosne. Situé un peu à l’extérieur du centre-ville, il s’agit plus d’une sorte de forêt domestiquée que d’un parc à proprement parler. A pied, à vélo ou en calèche, on s’y balade parmi les locaux dans un paysage qui semble irréel, proche du décor de conte de fées. Sur le chemin du retour, pensez à faire un tour par le Festina Lente Bridge, un pont ultra moderne et littéralement indescriptible qui conduit à la magnifique Academy of Fine Arts de la ville. 

Pour le dîner, on prend nos quartiers dans le très étonnant restaurant Mala Kuhinja. Si la décoration n’a rien de particulier, la cuisine proposée l’est bien plus. Et pour cause, le chef sert des plats fusions dans lesquels il associe les saveurs asiatiques (jusque-là c’est classique) avec celles de la cuisine traditionnelle des Balkans. C’est bien simple, c’est probablement le seul au monde à le faire. Si vous êtes plutôt d’humeur à goûter les vins locaux, dont la popularité explose ces dernières années, on vous donne rendez-vous à la Vinoteka. On peut y déguster plus de cent crus venus de Bosnie, de Croatie et de Slovénie. Deux salles, deux ambiances mais deux expériences plus que marquantes. 

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