Une petite fille avec les cheveux devant les yeux, un grand homme affublé d’un chapeau noir ou une jeune femme en robe blanche sur le bord de la route, nous avons tous un fantôme qui nous fait un peu flipper depuis notre enfance. Mais qu’ils nous effraient ou qu’ils nous amusent, qu’on les craignent ou qu’on s’en serve pour taquiner nos proches, qu’ils soient doux comme Casper ou effrayants comme ceux des légendes du métro madrilène, ces êtres venus d’ailleurs habitent notre imaginaire collectif pour nous rappeler que le passé n’est jamais loin.
A Paris, le berceau de Midnight Trains, certains fantômes sont parfaitement tangibles. Faits de pierre, de béton et de métal, ils se terrent sous les pieds des Parisiens et des touristes sans bouger d’un millimètre comme le bunker de la gare de l’Est. Mais oubliez les ectoplasmes baveux et les draps troués tirant un boulet, les fantômes dont on va parler aujourd’hui sont certaines des nombreuses stations du métro parisien abandonnées à un moment ou à un autre de l’histoire. Des lieux entourés de mystères, à la fois incroyablement près de nous et quasiment impossibles à atteindre.
La première vague de stations fantômes nous vient de la Seconde Guerre mondiale. La mobilisation militaire d’une grande partie du personnel du réseau métropolitain pousse le gouvernement à réduire le trafic en 1939. Les stations Arsenal (ligne 5), Champs de Mars (Ligne 8) et Croix-Rouge (Ligne 10) ne reprendront jamais de véritable service. La dernière a quand même connu une seconde vie en étant décorée pour ressembler à une plage avant d’accueillir une campagne publicitaire pour une exposition de la Bibliothèque Nationale de France sur l’érotisme. Autant vous dire qu’on a frôlé une version souterraine de Paris-Plage !
D’autres stations, comme Varenne (Ligne 13), Bel-Air (Ligne 6), Rennes (Ligne 12) et Liège (Ligne 13) sont quant à elles rouvertes progressivement à partir des années 1960 et sont toujours en service aujourd’hui. L’une d’elles, la station Saint-Martin, a pour sa part connu un destin bien plus cruel. Bien qu’elle ait été la première à être réutilisée après la Libération, elle a finalement été supprimée à cause de sa trop grande proximité avec Strasbourg-Saint-Denis, 100 mètres à peine. Trop de Saints et pas assez de passagers à transporter. Son histoire ne s’arrête pourtant pas là puisqu’elle a vu ses quais murés pour devenir un lieu d’accueil pour les sans-abris, puis un accueil de jour de l’Armée du Salut. Il se passe aussi de jolies choses sous la terre !
Dans un autre registre, faisons un petit détour par l’arrêt Martin Nadaud, nommé en l’honneur d’un maçon de la Creuse devenu député sous la IIe et la IIIe République. Plutôt que d’être fermée, la station se voit littéralement absorbée par sa voisine portant le nom de Gambetta, ouverte le 23 août 1969, dont elle finit par devenir un simple couloir. Les plus poètes y verront la marque d’un grand homme qui laisse sa place à un autre. Les optimistes diront que c’est toujours mieux que de devenir un hangar de stationnement ou de prendre la poussière pour l’éternité. Enfin, les autres y trouveront la métaphore d'un monde où seuls les plus célèbres survivent. On vous laisse choisir votre équipe.
Dans la grande histoire des stations fantômes du métro parisien, impossible de passer à côté de La Voie des Fêtes, qui devait relier Place des Fêtes et Porte des Lilas via la station Haxo. Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal, elle n’a tout simplement jamais été ouverte puisque le projet a été remplacé par un système de navette. Du coup, la station ne possède absolument aucune issue (ce qui est franchement flippant) et personne ne se souvient du général d’Empire François Nicolas Benoît Haxo. Désolé Fanfan, ta postérité a été emportée par un bus.
Si vous n’y avez jamais mis un pied, vous connaissez pourtant très bien la station Haxo. Celle-ci et la station Porte des Lilas (également abandonnée depuis) servent en effet de décor à l’immense majorité des tournages ayant lieu dans le métro parisien. De l’oubli à la gloire, il n’y a parfois qu’un pas. Ou, dans le cas présent, un voyage de très exactement deux minutes et trente secondes.
L’autre station qui n’a jamais ouvert s’appelle Porte Molitor / Murat et son destin n’est pas aussi glorieux que celui de Haxo. Construite sur un raccordement entre les lignes 9 et 10, elle s’est révélée trop complexe à exploiter et n’a donc jamais été mise en service. De quoi attrister les fans du PSG puisqu’elle avait été pensée pour faciliter l’accès au Parc des Princes les soirs de match. Heureusement, ils ne l’ont probablement jamais su. Enfin, avant de lire cet article.