SPOILER ALERT : vous ne serez jamais téléportés ! Vous n’irez jamais à Stockholm en un claquement de doigts pour prendre le café avec un vieux pote d’Erasmus. Pas plus que vous ne vous rendrez à Tokyo pour déjeuner d’un plat de ramens sur un coup de tête, ou à Buenos Aires pour des empanadas. Mauvaise nouvelle pour vos petits caprices alimentaires mais bonne nouvelle pour les restaurants du monde à Paris, Londres et ailleurs. D’ailleurs soyons biens clairs, ni vos enfants ni les enfants de vos enfants n’auront cette chance. À moins bien sûr que des extraterrestres débarquent avec une technologie insoupçonnable aujourd’hui ou que nous devenions immortels d’ici quelques décennies. Mais ce sont de toutes autres histoires qui n’ont rien à voir avec le transport de passagers. Alors oui, ce constat a quelque chose d’un peu triste. De la même manière que Sheldon Cooper estime dans The Big Bang Theory qu’il mourra avant la possibilité technologique de transférer son esprit dans un ordinateur, nous devons vivre avec la certitude de nous déplacer en un seul morceau. Et surtout, en franchissant concrètement les distances terrestres, même lorsque nous le faisons par la voie des airs. Sauf si vous êtes (ou que vous possédez) un état quantique nécessitant un déplacement de “7,1 qubits par seconde sur plusieurs dizaines de kilomètres, au sein d'un réseau métropolitain.” Dans ce cas, vous pouvez espérer pouvoir vous téléporter dans une trentaine ou une quarantaine d'années, disons 2060 pour simplifier. Le temps que la téléportation quantique sorte potentiellement des labos pour devenir accessible à ceux en ayant l’usage. Ce sera notre première échéance de travail.
Et pour cause, nous l’avons vu ensemble au cours des épisodes précédents, la téléportation est très loin de devenir concrète. Car même si elle devenait disponible technologiquement, elle peinerait à s’imposer aux plans réglementaires, économiques et, surtout, des usages. Enfin, elle engendrerait vraisemblablement une consommation d’énergie incommensurable, après avoir engouffré de titanesques ressources pour arriver à maturité. Deux scénarios s’ouvrent alors à nous. Dans le premier, les humains ont raisonnablement décidé de dédier leurs capacités de production à de l’énergie verte et à la dispatcher vers des besoins essentiels, donc pas la téléportation. À terme, l’idée est même abandonnée, au profit d’un retour à la lenteur, à un monde où plus personne n’est pressé et où se téléporter serait un non-sens.
Dans le second scénario, les humains continuent à encourager un modèle basé sur l’accélération permanente des comportements de consommation et, par extension, des moyens de déplacement. Ils dépensent donc des fortunes pour que de brillants esprits se dédient à faire avancer une technologie inutile et potentiellement destructrice plutôt que d’œuvrer pour le Greater Good. À leur manière, ils font donc accélérer la course vers l'effondrement de la civilisation. Sauf que, même ainsi, la téléportation n’est pas prête à temps. Ou si tard que le reste du monde est d’ores et déjà en train de régresser quand les premiers milliardaires se téléportent pour fuir les guerres de l’eau et les conflits pour le contrôle des dernières terres arables. Oui, vous avez raison, c’est terrifiant. Heureusement, ce n’est que de la prospective un peu poussive et empreinte d’un peu de mauvaise foi. C’est d’ailleurs grâce à elle que nous avons notre seconde échéance : juste avant la fin du monde.
En 2060, lorsque vous serez devenu un état quantique téléportable :
Juste avant la fin du monde :