Voilà, la saison de Joli Futur consacrée au train de nuit arrive à son terminus (n’applaudissez pas ce jeu de mot contestable, c’est notre métier). Après avoir exploré l’histoire sinusoïdale de cette technologie, étudié sa dimension écologique et vérifié sa déployabilité à grande échelle, il est donc temps de faire le point sur son possible futur. Et par extension, sur les échéances auxquelles elle pourrait modifier notre quotidien, celui de nos enfants ou de nos petits enfants. Ces derniers grandiront-ils dans un monde où le train de nuit est la règle du voyage domestique et européen ? Ce moyen de transport sera-t-il tellement populaire que des activités parallèles se développeront ? Des troupes de comédiens joueront-elles dans les trains de nuit ? Des corners de chaînes alimentaires, des micros cinémas ou des boîtes de nuit sur rails ouvriront-ils pour occuper les voyages plutôt que de miser sur le train à très très Grande Vitesse ? S’insèrera-t-il suffisamment profondément dans notre quotidien pour évoluer de manière inattendue ? Qui sait, rien n’est impossible à qui déploie les moyens de ses ambitions.
Bref, arrêtons de rêver quelques instants pour revenir à des choses plus factuelles. Comme nous l’avons vu au cours des épisodes précédents, la technologie du train de nuit est prête puisqu’il s’agit “simplement” d’un train qui roule la nuit. Même si ce moyen de transport gagnerait certainement à devenir plus intimiste, plus sécurisé, plus confortable et plus qualitatif (un peu comme Midnight Trains), tout est définitivement prêt. Depuis des décennies. Eh oui, ça fait du bien de s’en souvenir. Pendant que certains tentent de lancer des Hyperloops complètement claqués, il existe d’ores et déjà une solution pour permettre aux humains de voyager plus loin en train. En utilisant un réseau déjà existant et avec une empreinte carbone extrêmement faible. Notre première échéance prospective sera donc aujourd’hui.
Cependant, nous l’avons également évoqué, la mise en place d’un véritable réseau de train de nuit capable de remplacer — ou au moins de concurrencer — les avions courts ou moyens courrier demandera des efforts. Le rachat de milliers de voitures de train de nuit, le développement de locomotives interopérables dans toute l’Europe, la formation de milliers de personnels (conducteurs, contrôleurs, techniciens de maintenance, etc.) ou encore l’organisation des infrastructures ferroviaires pour gérer parallèlement les travaux et les circulations de nuit. Ce qui, bien évidemment, ne peut pas se faire du jour au lendemain. “Si on s’y mettait demain, qu’on mettait tous les moyens financiers et techniques à disposition d’un tel chantier, que toute la France se mobilisait dans le but de développer un tel réseau, cela prendrait minimum 5 ou 10 ans. Mais ce n’est évidemment pas une vision réaliste des choses, il faudrait plus vraisemblablement une vingtaine d’années”, explique Patricia Pérennes, économiste des transports au sein du cabinet Trans-Missions. Et d’ajouter : “Au niveau européen, certains pays ont déjà de l’avance sur le matériel roulant neuf et la relance de certaines lignes de nuit. Je pense qu’il ne faudrait donc pas plus de 20 ans pour la mise en place d’un réseau équivalent au niveau européen, toujours avec beaucoup d’engagements des gouvernements”. Cette analyse, Nicolas Bargelès, directeur des opérations ferroviaires de Midnight Trains en partage les grandes lignes : “Si on ajoute à la volonté politique un meilleur accès à l’infrastructure et à du matériel roulant, cela prendrait au minimum 10 ou 15 ans, 20 ans au niveau européen”. Vous l’aurez compris, en simplifiant un peu les dires de nos experts, nous avons deux autres échéances, 10 ans pour un réseau français et 20 ans pour un réseau européen. Allez, bon futur :
Aujourd’hui, en 2023, vu que la technologie du train de nuit est prête :
En 2033, lorsqu’un réseau de train de nuit français pourrait remplacer les avions domestiques :
En 2043, lorsqu’un réseau de train de nuit européen pourrait remplacer les avions courts et moyens courriers :