Saviez-vous que chaque année, vous avez le droit à une réduction de 25 à 50% sur un aller-retour en train en France pour vous, votre conjoint.e et vos enfants ? Cette aubaine répond au nom engagé de billet populaire de congé annuel et existe à présent depuis quatre-vingt cinq ans ! Remontons donc le temps pour comprendre d’où elle nous vient.
En 1936, la France connaît une période bénie en matière d’avancées sociales. C’est l’époque du Front Populaire, incarnée par Léon Blum, qui préside à une alliance politique synonyme de progrès inédits. En à peine quelques semaines de gouvernement, et suite à une grève générale inédite, les salaires sont augmentés, la durée du temps de travail est limitée à quarante heures, le droit syndical est reconnu et c’est aussi l'avènement des grandes vacances telles que les Français viennent de les vivre, grâce à l’instauration de deux semaines de congés payés.
Cela n’a l’air de rien et pourtant, cette dernière avancée va changer la vie d’une très large majorité de Français, qui peuvent enfin aspirer à un repos mérité, de ceux essentiels pour recharger les batteries, en prenant du temps pour soi et pour les siens. Pourtant, si les vacances peuvent alors s'envisager comme jamais auparavant, encore faut-il avoir les moyens de partir loin de son quotidien.
Qu’à cela ne tienne, au début du mois d’août 1936, Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat à l'Organisation des loisirs et des sports, décide d’une mesure complémentaire qui va faire toute la différence : la création du billet populaire de congé payé. Et la nouvelle de faire les grands titres des journaux, comme dans Le Populaire qui détaille dans ses colonnes que ce billet rend possible « à tout titulaire d’un congé payé, qu’il voyage seul ou accompagné de sa femme, d’obtenir en 3e classe un titre de transport d’un parcours minimum de 200 kilomètres avec réduction de 40 % et demi-tarif pour les enfants de 3 à 7 ans ».
On pourrait voir là une mesure symbolique et il n’en est pourtant rien. A l’époque, la voiture est encore quelque chose de réservé aux plus riches et le train est le seul moyen de transport permettant que la loi sur les congés annuels prenne véritablement effet. L’engouement va être au rendez-vous, très rapidement : 600.000 ouvriers vont en profiter, diversifiant ainsi la population embarquée à bord des trains nationaux. Au point que les plus riches les surnommeront avec dédain, les “congés payés”.
Sans partir à l’autre bout de la France, les ouvriers découvrent le plaisir du break estival. Si beaucoup d’ouvriers parisiens, alors en grand nombre dans la capitale française et ses abords, se contenteront de journées en bord de Seine ou de Marne, d’autres poussent l’aventure jusqu’à découvrir pour la première fois les plages de Normandie en mode camping. C’est aussi à cette époque que des villes alors uniquement prisées par quelques-uns, deviennent des destinations estivales pour le plus grand nombre, grâce à leurs gares. Parmi celles-ci, Deauville, Saint-Malo, Cabourg, Nice ou encore Biarritz.
Evidemment, l’affaire ne fut pas facile à conclure tant les compagnies de chemin de fer - alors toutes privées - n’entendaient pas accompagner le mouvement. Il faudra en arriver à ce que le gouvernement de Léon Blum les menace de les nationaliser, pour les contraindre à mettre en œuvre cette réduction annuelle. Ironie de l’histoire, cet afflux de voyageurs inattendus va permettre à toutes ces entreprises...d’être bénéficiaires pour la première fois depuis 1928 !
Aujourd’hui, si la Société Nationale des Chemins de Fer français (SNCF) ne communique pas sur cet avantage, n’hésitez pas un instant à prolonger l’été ou à préparer vos prochaines vacances, en en bénéficiant sans plus attendre ! Toutes les informations pour y avoir accès vous sont données ici, et n’oubliez pas que vous pouvez faire valoir ce droit, chaque année donc !