Aujourd’hui, nous remontons le temps pour vous parler d’une époque où Paris, Milan, Madrid, Hambourg et Copenhague ne partageaient pas encore la même heure. Une époque où l’heure locale était tellement locale que dans un pays comme la France, les villes pouvaient vivre au rythme d’horloges réglées différemment, selon le bon vouloir du lever et du coucher du soleil. Autant vous dire que lancer au débotté un nonchalant “Vous avez l’heure?” n’avait franchement rien de banal.
Oui, jusqu'au début du XIXe siècle, la nature était l’unique métronome de nos vies et à mesure que les communications entre territoires devenaient possibles, il a fallu harmoniser le système horaire. Voilà donc qu’au long de ce siècle, les chemins de fer tracent méthodiquement leur route, rail après rail, ouvrant la voie au décloisonnement de nos sociétés. Et il faut bien mettre les pendules à l’heure, ne serait-ce que pour permettre à chacun.e de ne pas rater son train, faute de ne pas avoir la même façon de mesurer le temps.
Bientôt, les correspondances ferroviaires endossent le beau rôle d’entremetteuses transfrontalières d’un monde en passe de devenir véritablement international. L’uniformisation du décompte du temps continue donc son chemin, non sans questions parfois épineuses, puisqu’à l’échelle d’une nation, l’heure d’une ville finit par être imposée à toutes les communes du territoire. C’est le cas en France où on choisit l’heure de Paris, tandis que l’Italie décide de se caler sur celle de Turin.
Peu à peu - cela prend parfois des décennies dans certains pays - toutes les nations finissent par ajuster leurs montres en se mettant au diapason du besoins des pendules ferroviaires, préfigurant un monde qui serait bientôt articulé autour des fuseaux horaires tels que nous les connaissons à présent.