Nous vous emmenons à présent à bord de nos trains pour vous familiariser un peu plus avec l’atmosphère qui y régnera.
Parce que nous voulons que le voyage commence pour vous dès que vous embarquerez, c’est toute une expérience où l’art de vivre occupera une place majeure, à laquelle nous travaillons pour votre bon plaisir en devenir ! Vous aurez d’ailleurs l’occasion de vous en imprégner plus encore à travers les articles qui seront compilés sur notre blog, dont le lancement est imminent.
C’est au cœur de l’antre de la convivialité que nous prenons place : le wagon-restaurant où il vous sera possible de vous attabler pour dîner ou de prendre place au bar pour vous laisser aller à un verre de vin vivant ou un cocktail maison. Et justement, s’il est un cocktail que nous avons envie de vous servir - non sans avoir l’envie de le revisiter - c’est bien le Bloody Mary, ce subtil alliage liquide entre vodka et jus de tomate, relevé par l’acidité du jus de citron et le piquant du tabasco.
Bloody Mary. Quel nom surprenant pour un breuvage censé nous détendre, non? A ce point surprenant d’ailleurs qu’à dire vrai, personne n’est capable d’expliquer avec certitude la sanguinolence ou les pulsions meurtrières prêtées à cette fameuse Mary. Pourtant, les légendes ne manquent pas !
La première d’entre elle risque de vous couper l’envie d’en commander un, alors autant la poser tout de go. Cette Bloody Mary aurait bien existé, selon les tenants de cette version, et ce serait là un hommage franchement mal senti à son œuvre macabre. Le cocktail pourrait ainsi faire référence à une mère infanticide qui s’était vue affublée de ce surnom, ou tout aussi morbide, à Marie Tudor, reine d’Ecosse, dont le règne au XVIe siècle fut marqué par la violence méthodique avec laquelle elle éliminait ses opposants. Pas franchement la version de l’histoire de ce cocktail qu’on préfère, vous en conviendrez.
Plus amusante est la version qui prête la paternité de ce cocktail à Ernest Hemingway, écrivain talentueux et néanmoins aussi connu pour le grand nombre de bars dans lesquels il avait ses habitudes de par le monde, aujourd’hui devenus des attractions touristiques, que ce soit à Paris, La Havane, Alassio, Venise ou encore Lima. Il faut dire que le monsieur avait un profond problème d’alcoolisme, qu’il ne prit hélas jamais le soin d’endiguer.
C’est d’ailleurs cette raison qui lui vaut sa relation spéciale avec Bloody Mary. A l’époque où il vivait à Paris, Ernest Hemingway avait ses habitudes quotidiennes au bar du Ritz (ou quand l’alcoolisme mondain ne se refuse rien), ce qui n’était pas pour plaire à sa femme d’alors, Mary Welsh, lassée de voir son mari rentrer chez eux, en mode pompette-pété comme une raquette. Rabougri par les soufflantes qui l'accueillaient chaque soir, Ernest Hemingway aurait échafaudé un stratagème retord, demandant au barman ès cocktails du prestigieux hôtel de lui inventer une recette inodore. Le Bloody Mary (comprenez alors “Maudite Mary!”) serait ainsi né. Pas sûr que cela ait pour autant dupé son monde, hein.
Comme toujours quand les légendes viennent embuer l’origine d’une quelconque histoire, il convient de contempler la plus pragmatique des versions, pour laisser aux autres interprétations une part de vérité toute limitée. Et à ce titre, il se peut bien que le véritable créateur du Bloody Mary ne soit autre que Harry MacElhone, fondateur du Harry’s New York Bar en 1911.
A l’époque de la prohibition, les bars ferment les uns après les autres aux Etats-Unis, laissant les barmen sans emploi. L’Europe devient alors une destination de premier ordre, pour qu’ils puissent continuer à exercer leur métier : ce sont eux qui vont importer le concept du bar à cocktails sur le Vieux Continent et le Harry’s New York Bar en sera l’un des meilleurs exemples. A nouvelle vie, nouvelles expériences : ce serait tout simplement en développant la carte de son établissement que le Bloody Mary serait né. Et peut-être les origines écossaises Harry MacElhone expliquent-elles la référence à la souveraine dont on vous parlait plus haut.
En attendant de prendre place dans le wagon-bar de nos trains, on ne saurait que trop vous proposer d’aller vérifier (avec modération) par vous-même. Car bonne nouvelle, le Harry’s New York Bar, situé dans le centre de Paris, a fêté ses 110 ans, cette année !