De tous les membres de l’équipage de Midnight Trains, il est sans doute celui auquel vous vous attendiez le moins. A bord de notre compagnie d’hôtels sur rails, nous avons la chance de compter avec l’un des architectes du son les plus impressionnants qui soit. Un architecte du son, c’est l’expression qu’on a trouvée pour être le plus fidèle possible à l’étendue des talents de Victor le Masne. Du haut de ses 39 ans, ce Parisien est tout à la fois compositeur, musicien, producteur, arrangeur, interprète (même si moins dorénavant) et multi-instrumentiste. Au sein de Midnight Trains, c’est lui le génie qui a sourcé les morceaux de la playlist Midnight Radio, dont on vous dévoile les titres, semaine après semaine.
Un génie, et on pèse nos mots. Pour vous en faire une idée, essayons de rendre hommage à l’étendue de son art, en vous racontant sa trajectoire hors-norme. Dans la famille de Victor, tout tourne autour de la musique dès son plus jeune âge et après un parcours académique, sa vie prend un tournant déterminant quand il crée le groupe Housse de Racket, avec Pierre Leroux. Il n’a que 19 ans et pendant les années qui vont suivre, le succès du groupe va le faire voyager dans le monde entier : au gré des tournées, il joue à New York, Tokyo, Hong-Kong ou encore au Coachella Festival, en Californie.
Trois albums plus tard, en 2016, il a 34 ans quand cette période de sa vie se referme et c’est alors de nouvelles casquettes qu’il enfile. Celle de producteur comme pour Juliette Armanet, Kavinsky et Gaspard Augé, la moitié du groupe Justice ; celle de compositeur pour Bernard Lavilliers, dans un tout autre style. Sa palette de talents ajoute aussi aux couleurs du brio d’artistes comme Philippe Katerine dont il assure la direction musicale en adaptant son album pour ses concerts, de l’ordre des morceaux aux arrangements. C’est beaucoup et pourtant, ce n’est pas tout.
Cette année, Victor a aussi vécu une expérience unique en son genre. Quand à la fin des Jeux Olympiques, l’été dernier, Tokyo devait passer le flambeau à Paris lors de la cérémonie de clôture, c’est lui que les organisateurs de Paris 2024 sont venus chercher pour une mission spéciale : celle de créer une nouvelle version de La Marseillaise, l’hymne national français, pour l’occasion. La dernière fois qu’un arrangement officiel avait été opéré, c’est Hector Berlioz qui s’y était collé en 1830. S’il a gardé le thème, la mélodie new age que Victor arrange, ôte les accords les plus martiaux et violents. Jouée par les 120 musiciens de l’Orchestre National de France et conclue par l’astronaute Thomas Pesquet au saxophone, cette Marseillaise du XXIe siècle donne de l’espoir. De quoi donner envie de l’entendre à nouveau résonner à Paris en 2024.
Oui, Victor le Masne n’a pas fini de repousser les frontières de l’impossible. Et c’est une grande chance de le compter parmi nous à bord de Midnight Trains. Tout commence quand Adrien Aumont, l’un de nos deux cofondateurs, lui raconte son nouveau projet. Tous deux sont amis et à l’évocation de la création d’une compagnie de trains de nuit d’un genre nouveau, Victor est toutes écoutilles ouvertes. Au-delà de l’aspect écologique de ce mode de déplacement, les voyages en train ont toujours été sources de plaisir pour Victor. Pour commencer à faire voyager nos passagers avant le départ de nos trains, Adrien est convaincu que la musique peut contribuer à ressusciter et vivifier la mythologie des trains de nuit.
C’est après cette discussion que la playlist de Midnight Trains naît. Une bonne nouvelle à ce propos : début 2022, une deuxième édition de celle-ci sera créée pour encore plus de morceaux qui vous transporteront ! Victor a aussi l’envie d’imaginer des playlists par pays européens, en allant défricher ce que chaque nation recèle de pépites musicales à réminiscence ferroviaire, tant il est impressionné par la manne sans fin que le train représente pour les musiciens. “A la différence de l’avion et de la voiture, le train, c’est un tempo avec un côté hypnotique, ce tchouktchouktchouktchou qu’on retrouve beaucoup dans la pop”.
Le train n’a pas fini d’inspirer Victor, loin de là. De ses voyages au Japon, il garde le souvenir du design sonore des trains nippons, avec certes son côté kawai, et néanmoins précieux, notamment quand à bord d’un train, il y a une musique spéciale pour chaque station, afin que les aveugles puissent savoir quand descendre sans la moindre hésitation. Il est convaincu que le design sonore d’un train, aide à entrer dans un monde à proprement parler. “La musique doit nous embarquer, englober l’expérience et nous faire rêver de fond en comble, elle a quelque chose de rassurant et de réconfortant à la fois”. Quand on vous dit qu’elle adoucit les mœurs !
Victor aime cette idée d’accepter de prendre le temps en prenant le train. “Dans ce monde qui va si vite, c’est un luxe, et pour moi, c’est surtout une forme de savoir-voyager”. C’est ce qu’il a fait au Japon, à bord d’un des Superviews, ces trains avec des fenêtres aux allures de vérandas offrant une vue imprenable, grâce à des sièges placés face au paysage. Il en garde un souvenir inoubliable, comme une sensation de cinéma vivant face à laquelle les familles étaient subjuguées, alors que son train traversait la neige tel un Snowpiercer, pour aller à Hokkaido.
Alors quand Midnight Trains lancera ses premiers trains, il rêve que ceux-ci l'emmènent à Naples, sa ville préférée, compte tenu du dépaysement total qu’elle lui procure. “On y prend la Méditerranée en pleine gueule, encore plus qu’ailleurs”. Et ça tombe bien, la semaine prochaine, Midnight Weekly vous fait découvrir cette cité sans pareille !