Une fois n’est pas coutume, nous vous emmenons cette semaine au-delà des frontières de l’Europe, en Asie. Et pour cause, après Toulouse, Cracovie et Birmingham, nous roulons cette fois jusqu’à Ankara. Souvent éclipsée par la tentaculaire et inénarrable Istanbul, la capitale turque mérite pourtant franchement le détour. En fait, elle est si profondément méconnue des voyageurs que nombre d’entre nous sont à peine capables de se la représenter comme nous pourrions tous le faire avec Londres, Paris ou New York. Heureusement, on va mettre fin à cette injustice tout de suite.
On attaque sans traîner en l'un des bâtiments les plus uniques de la ville : le mausolée d’Atatürk, AKA Mustafa Kemal, le père et le premier président de la Turquie moderne. Grand de 750 000 mètres carrés et divisé en deux parties, un parc et le mausolée lui-même, c’est un lieu magistral, complètement hors du temps. Que ce soit l’allée aux lions, les deux tours (celle de la République et celle de l’Indépendance) ou la partie boisée peuplée d’arbres importés du monde entier, chaque élément de ce lieu situé sur une colline de 906 mètres de haut est un symbole choisi avec minutie et raffinement. Une visite à ne pas rater qui permet à elle seule de comprendre une bonne partie du passé récent du pays. Ne vous en privez pas même si vous n’êtes pas un féru d’histoire.
On change radicalement de registre en filant ensuite au CerModern. Installé dans un ancien entrepôt servant autrefois à entretenir les trains s’arrêtant dans la gare d’Ankara, ce musée est un passage obligatoire pour toutes celles et tous ceux qui aiment l’art moderne et/ou les trains. Les premiers seront ainsi séduits par ses expositions d’arts hybrides ultra pointues tandis que les seconds seront soufflés par la splendeur du bâtiment. Tous pourront ensuite se réunir dans le théâtre, l’auditorium et le café-restaurant qui se trouvent aussi à l’intérieur du CerModern. Ceux qui veulent pousser encore un peu leur exploration de la scène artistique d’Ankara pourront aussi se rendre dans l’une des autres galeries de la ville comme la Galeri Siyah Beyaz ou la Galeri Artist. Même si vous n’avez pas prévu d’acheter quoi que ce soit, vous ne regretterez pas votre visite.
Si vous connaissez un peu la Turquie ou la culture turque, vous ne pouvez pas ignorer la magnificence de sa cuisine. Pour la tester, on s’assoit donc à l’une des tables de Trilye. Spécialisé dans le poisson malgré le fait que la ville se trouve bien loin de la mer, ce restaurant est aussi beau à regarder que ses plats sont bons à déguster. Coquillages, espadon, bar, les plats varient en fonction des arrivages du jour. Mais quelle que soit la livraison du matin, le chef Süreyya Üzmez et ses équipes en feront des merveilles. Mention spéciale pour le ragoût de poulpe qui, s’il est à la carte quand vous passez, doit absolument être testé. Après cela, vous pourrez vous livrer à une dégustation de la glace à la halva qui devrait laisser des souvenirs inoubliables à votre palais.
Une fois sortis de table, on fonce découvrir un autre endroit surprenant : l’Ulucanlar Prison Museum. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un ancien centre de détention réhabilité et transformé en musée depuis 2011. Grâce à une muséographie bien conçue, des photos et des documents, il nous plonge dans l’histoire de ce lieu ouvert dans les années 1920 où de célèbres Turcs ont été détenus. Soyez tout de même prévenu, l’ambiance peut s’avérer pesante pour celles et ceux qui craignent l’enfermement puisqu’on circule parfois dans d’étroits et inquiétants couloirs. Une excellente façon de vivre, bien que très partiellement, l’expérience peu séduisante des prisons turques. Un must absolu pour les fans de ce genre d'originalités.
Dernier arrêt : la Mosquée de Kocatepe. Et oui, après toutes ces cathédrales visitées dans les villes européennes, on pousse cette fois la porte d’un lieu de culte musulman. Bien plus récente que les merveilleuses mosquées d’Istanbul, celle-ci a été terminée en 1987 après plus de 20 ans de travaux. Un travail titanesque qui s’explique notamment par les dimensions colossales de Kocatepe. Capable d’accueillir jusqu’à 24 000 fidèles, ses quatre minarets haut de 88 mètres sont visibles de presque tous les endroits de la ville. Mais surtout, elle présente un étonnant mélange architectural que ses créateurs ont défini comme une alliance entre le style du XVIe siècle et la technologie du XXe siècle. Un incontournable.
On termine la journée en allant dîner dans une des institutions d’Ankara : le Divan Brasserie Çengelhan. Soyons bien clairs, il s’agit d’une expérience à part entière puisque le restaurant se trouve sous le plafond de verre de la cour intérieure d’un ancien caravansérail transformé en musée. Du côté de la nourriture, on y découvre une cuisine traditionnelle ottomane d’une grande finesse et modernisée par les saveurs de la gastronomie contemporaine. C’est donc entourés d’arcades pluricentenaires que l’on déguste le célèbre Ankara Tava, une merveilleuse préparation locale à base d’agneau, des côtes de veau au miel ou encore des cassolettes de crevettes et de champignons. Un finish inoubliable pour un week-end turc qui ne l’est pas moins.