Pour cette nouvelle ballade, on part en Suisse afin de découvrir Zurich. Plus grande agglomération de la Confédération helvète (plus de 420 000 habitants) et centre financier d’importance mondiale, la ville est bien plus qu’une accumulation de sièges sociaux de grandes banques et de compagnies d’assurance. En fait, c’est même un lieu bourré de surprises, de bizarreries et de structures artistiques étonnantes. Mais pour les découvrir, il faut savoir sortir un peu des sentiers battus, en nous suivant dans notre pérégrination. Attention, que cela ne vous empêche pas de vous gaver de chocolat et de fromage si le cœur vous en dit. Après tout, nous allons en Suisse et vous auriez sûrement tort de ne pas profiter des merveilles de ce pays.
Pour vous prouver que Zurich est loin d’être une belle endormie, on file directement à la Rote Fabrik, A.K.A. L’usine rouge. Tenant probablement son surnom populaire des briques avec lesquelles elle a été construite, cette ancienne filature de soie installée sur les rives du Lac de Zurich attire depuis longtemps la jeunesse créative de la ville. Ainsi, lorsque la commune a voulu la détruire en 1972, d’importantes manifestations ont eu lieu jusqu’à ce que les autorités cèdent. Depuis, c’est un lieu alternatif qui accueille des expositions, du théâtre, des performances, des rencontres et des conférences. Bref, le genre d’endroit où on découvre l’âme véritable de Zurich, son héritage industriel et son incroyable dynamisme artistique.
On va d’ailleurs continuer à le découvrir en errant à travers les merveilles méconnues de la ville. Mais comme l’écrivait Tolkien, celui qui erre n’est pas forcément perdu. Loin de là. On commence donc par retourner vers le centre pour voir la Freitag Tower, qui est le résultat de l’accumulation de 19 conteneurs empilés les uns sur les autres.Haute de 26 mètres de haut, elle offre une vue hors du commun et contient ce qui est probablement la plus grande sélection de sacs recyclés au monde. Lourd. On file ensuite de l’autre côté du lac, plus ou moins en face de la Rote Fabrik. C’est là que se trouve Eurêka, une sculpture cinétique de Jean Tinguely. Une machine qui fonctionne mais qui est parfaitement inutile. Chacun y verra ce qu’il veut sur la société industrielle. S’il vous reste un peu de temps avant le déjeuner, faites aussi une pause par le MFO Park, un jardin d’un genre si particulier que vous n’en avez jamais vu de tel.
Après ces œuvres questionnantes, il est grand temps de s’arrêter pour déjeuner chez Oepfelchammer, le plus vieux bar à vin de la ville. Véritable institution zurichoise, l’établissement à un crédo très simple : cuisiner les plats traditionnels du coin, même ceux qui ont été oubliés, en les modernisant un peu. On y trouve donc du rôti de veau aux champignons frais, du filet de poisson chat poché ou encore un risotto aux cèpes dont vous nous direz des nouvelles. Enfin, si vous vous en sentez le courage, vous pourrez vous essayer au célébrissime défi de la poutre, comme le veut la tradition de cet endroit surnommé “Oeli” par les habitués. On vous laisse découvrir ce dont il s’agit par vous-mêmes, c’est bien plus drôle. Ainsi, vous aurez peut-être une bonne raison de graver votre nom sur les murs.
Maintenant que vous avez mangé à votre faim, on se rend dans un musée qui peut secouer un peu l’estomac : le Moulagenmuseum. Aussi surprenant que le musée du kitsch museum de Bucarest ou de Musée de la bouffe dégueu de Malmö, en Suède, celui-ci propose des moulages. Des moulages de parties de corps humains et des maladies que celles-ci peuvent contracter.Réalisées avec une méthode en 3D d’une exceptionnelle efficacité, elles sont d’un réalisme bouleversant. Ces moulages sont d’ailleurs désormais utilisées pour enseigner la médecine aux étudiants zurichois. Ça bouscule, ça secoue mais c’est une expérience humaine et artistique à ne pas manquer.
On s’arrête maintenant dans un endroit aussi légendaire que le mouvement artistique qui y est né. Créé en 1916 par le poète Hugo Bell et l’artiste Emmy Hennings, le Cabaret Voltaire devient rapidement le repaire des artistes et intellectuels locaux ou réfugiés en Suisse à cause de sa neutralité au cours de la Première Guerre mondiale. On y croisait Tristan Tzara, Jean Arp mais aussi, fut un temps, Lénine, qui habitait dans la même rue. Plus fou encore, c’est là que serait né le mouvement Dada. Après une courte activité, il finit par être abandonné et se détériorer jusqu’à être squatté par des néo-dadaïstes. Depuis 2004, il est toutefois devenu un inmanquable café-librairie où il fait bon traîner lors des grises après-midi. Mais si vous revenez à la nuit tombée, vous profiterez peut-être aussi d’une performance artistique provocante et avant-gardiste.
On boucle la journée en allant profiter d’un dîner à la Maison Manesse. Récompensé par une étoile au guide Michelin, ce restaurant est pourtant d’une simplicité déconcertante. Ici, tout n’est que calme et volupté. Et si les plats sont fins et succulents, ils sont surtout apaisants, dans leur forme comme dans leur composition. De plus, ils sont servis par un personnel sympathique qui se met au service de la politique de l’établissement : “de l’amour dans les verres et dans les assiettes”. Une politique qui se décline merveilleusement à travers un menu surprise qui peut être carné, végétarien ou végan. Tout ce qu’il faut pour que chacun en ressorte heureux et satisfait.