Après trois épisodes à jouer avec cette dangereuse comparaison, nous arrivons à une conclusion claire : la voiture électrique est bien plus révolutionnaire que la doudounette sans manche. Oui, on sait, c’est un coup dur pour tous les aficionados de ce petit gilet matelassé à la remarquable discrétion. Mais les faits, les données et les paroles d’experts sont là. De même que la volonté politique. Sans cette volonté politique, il n’y aurait aucune révolution dans le monde des transports, ni celle-là ni une autre. C’est un secteur trop large, qui demande trop de soutien industriel, règlementaire et infrastructurel pour pouvoir évoluer sans la bonne volonté des élites politiques. Sans construction de pistes cyclables, pas d’adoption massive du vélo dans les centres urbains. Sans réseau ferroviaire bien entretenu et bien géré, pas de remplacement des avions moyen-courriers par des trains de nuit. Sans textes européens, pas de disparition des voitures thermiques au profit de leurs homologues électriques. Vous avez compris l’idée.
Nous l’avons vu dans les épisodes précédents, dans les pays du Nord global, cette révolution est déjà largement en marche. En France par exemple, comme nous l’expliquait déjà la semaine dernière Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux et spécialiste de l’automobile, le rythme de renouvellement du parc automobile français devrait permettre d’atteindre la neutralité carbone d’ici 35 ans, soit plus ou moins en 2060. Peut-être en 2050 si les choses accélèrent grâce à une baisse des prix, une accélération de la prise de conscience ou des incitations étatiques plus efficaces. Mais en tout cas pas dans 15 ans comme les autorités européennes l’espèrent.
Du côté des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), les choses sont plus variées. A Pékin, les subventions à la construction de voitures électriques pleuvent. Au point que, lorsqu’une partie d’entre elles arrivent sur le marché du Vieux Continent, la Commission européenne voit rouge tant la concurrence semble déloyale. Difficile dans ces conditions d’estimer le passage complet à l’électrique mais la détermination et les moyens du gouvernement chinois pourraient lui permettre de faire la course avec les Etats-membres de l’UE. Quant au Brésil, Bernard Jullien estime qu’il ne tardera pas tellement non plus. “Le parc automobile brésilien est de constitution plus récente que le nôtre. Son renouvellement devrait donc prendre une vingtaine d’années de plus, mais ils y viendront”, développe le spécialiste. Bien évidemment, pour les pays les moins développés économiquement et les moins industrialisés, les choses seront encore différentes, probablement bien plus lentes. Sauf bien sûr si certains pays — ceux dont les constructeurs automobiles sont les plus puissants — parviennent à développer des produits adaptés à leurs besoins d’ici là. Faute de pouvoir lire l’avenir, nous partons donc sur une échéance à 2080.
En 2080, lorsque la voiture électrique aura été adoptée par le Nord et les BRICS :