Romain Payet — Comme toujours avec Nicolas, il n’a pas fallu longtemps pour que les choses soient réglées. Trois jours après notre proposition de rejoindre Midnight Trains, il a pris sa décision et il nous annonce qu’il va quitter Eurostar pour nous rejoindre, avec tous les risques professionnels que cela représente pour lui. Pour nous, ce recrutement est un immense soulagement car nous l’attendons depuis longtemps.
Pour rappel, l’un des principaux objectifs de notre première levée de fonds était de financer le recrutement d’un nouveau fondateur, d’un homme ou d’une femme ayant une très forte expertise sur le ferroviaire. Cela devait nous permettre d’aller plus vite sur tout ce qui touche à la technique mais aussi d’éviter les nombreux pièges du secteur. Et donc de gagner encore plus de temps. Mais, dans notre esprit, cette personne ne devait pas être un simple technicien, ni même un top manager. Il nous fallait quelqu’un qui soit à la fois capable d’avoir une vision stratégique d’ensemble et qui soit capable de mettre les mains dans le cambouis.
Nous avons donc mis deux chasseurs de têtes sur cette mission afin d’être certains de trouver la perle rare. Malheureusement, même avec ce duo de traqueurs sur le coup et les candidats qui se sont proposés d’eux-mêmes, les choses ont pris beaucoup de temps. Nous avons rencontré beaucoup de gens brillants, avec des parcours solides et des compétences très sérieuses. Mais ça ne collait jamais complètement. Nous étions à la recherche de deux choses difficiles à faire coexister : une certaine “seniorité” — 10 ou 15 ans d’expérience — et une véritable proximité avec le terrain et l’opérationnel.
Or, il se trouve que dans les grandes maisons du ferroviaire, les profils prometteurs sont rapidement dirigés vers le management. Même ceux qui restent dans l’opérationnel — ceux qui gèrent de grandes gares par exemple — sont donc à la tête d’équipes de deux cents ou trois cents personnes. Ce sont des top managers, des gens capables d’avoir une vision globale des choses, mais ils sont rarement capables de faire démarrer un train de leurs propres mains. Contrairement à Nicolas qui, comme nous l’avons raconté la semaine dernière, est arrivé jusqu’à nous par le bouche-à-oreille. Et qui, justement, a les deux casquettes.
Adrien Aumont — Maintenant que vous savez que Nicolas nous a rejoint. Il est temps de vous en dire un peu plus sur son parcours et ce qui en fait la perle rare qu’il nous fallait. Tout d’abord, sa passion pour le ferroviaire est très ancienne. Nous avons déjà évoqué son blog la semaine dernière mais ce n’est pas tout. Alors qu’il était encore adolescent, il a pris un train quelque part dans le Sud-Ouest et a demandé à visiter la locomotive. Alors qu’il se trouvait avec le conducteur, un grand patron de la SNCF a tapé à la vitre pour saluer le cheminot puis a fait un bout du voyage à bord. En découvrant cet adolescent passionné de train, il lui a offert son premier stage au sein de la grande maison, avant même qu’il ait l’âge de travailler véritablement.
Nicolas a ensuite été diplômé d’une école d’ingénieurs avant de rejoindre Réseau Ferré de France. C’est là qu’il a commencé à ouvrir véritablement le moteur du monde ferroviaire, à découvrir de l'intérieur ce qu’est la gestion d’une aussi grande infrastructure terrestre et à apprendre à tracer des sillons. Plutôt que de prendre un autre poste à la SNCF, il a ensuite filé chez Thello qui, à l’époque, est encore une joint-venture entre l’opérateur historique français et Trenitalia, son équivalent transalpin. Dans cette boîte, Nicolas travaille particulièrement sur le train Nice-Milan. Puis, il passe chez Eurostar, encore une entreprise qui fait rouler des trains entre la France et l’étranger. On sait ce que vous vous dites : le parcours de Nicolas semble avoir été pensé pour correspondre à nos besoins chez Midnight Trains. On laisse à chacun sa vision du destin mais il faut bien admettre que les signaux ne sont plus forts ou faibles, ils sont éblouissants.
Ce dont témoignent les choix de Nicolas dans sa carrière, c’est surtout du fait qu’il a toujours eu un esprit entrepreneur, aventurier même. Il a systématiquement voulu se frotter aux nouvelles expérimentations du ferroviaire. Il est allé voir ce qui se passait dans le privé, dans le monde de ceux qui font franchir des frontières aux locomotives, dans l’univers de ceux qui veulent faire du train différemment. C’est d’ailleurs cette curiosité qui lui a permis d’acquérir une maîtrise profonde de nombreux domaines techniques. En plus d’avoir une vision stratégique générale du secteur, il est capable d’entrer dans le détail sur des sujets aussi variés que la gestion du réseau, le matériel roulant, les systèmes de signalisation ou de climatisation. Sans parler du fait qu’il parle de nombreuses langues et aime découvrir les cultures des pays dans lesquels il se rend.
Bref, il était logique pour lui comme pour nous qu’il soit notre premier recrutement. Un recrutement qui va d'ailleurs challenger notre vision de Midnight Trains en profondeur.