A la fin du mois de septembre 2022, la Commission européenne a approuvé un investissement de 101 millions d’euros pour moderniser l’axe ferroviaire Palerme-Catane-Messine. Si cette aide ne constitue qu’une partie du budget nécessaire à cette mise à niveau, elle reste suffisamment importante pour que l’on se demande ensemble ce qu’elle dit du rapport des instances de Bruxelles avec l’industrie du rail.
La première chose à savoir est que, depuis de nombreuses années déjà, la lutte contre le dérèglement climatique est au cœur des préoccupations de l’Union européenne. Quatre ans après la signature des accords de Paris en 2015, celle-ci a présenté Le Pacte Vert pour l’Europe, A.K.A. l’European Green Deal. Son but ? Rendre l’Europe neutre en carbone à horizon 2050. Un objectif aussi nécessaire qu’ambitieux qui s’est accompagné d’un gros paquet législatif appelé “Fit for 55”. Celui-ci contient des mesures diverses visant à permettre à l’UE d’atteindre son objectif intermédiaire : une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport au niveau d’émission de 1990.
C’est dans ce cadre que la Commission a attribué 101 millions d’euros à la liaison ferroviaire Palerme-Catane-Messine. Comme l’a détaillé Elisa Ferreira, la commissaire européenne à la cohésion et aux réformes, cet argent servira également à booster l’attractivité de la Sicile qui, malgré le fait qu’elle soit très touristique, en a bien besoin. “L'UE investit dans l'amélioration de la compétitivité et de la qualité de vie dans les régions périphériques. Les citoyens et les entreprises bénéficieront de bien meilleures liaisons ferroviaires, qui seront plus rapides et plus fréquentes. Il s'agit d'un investissement crucial pour renforcer l'attractivité de la Sicile et encourager l'utilisation d'un mode de transport plus durable que la route. Il fera de la Sicile un lieu plus accessible et plus attrayant pour vivre et travailler. Étape par étape, nous faisons du Pacte vert pour l’Europe une réalité !”, a expliqué Elisa Ferreira.
Si ces déclarations peuvent avoir l’air un peu vagues, la façon dont l’argent sera dépensé est d’ores et déjà établie. Selon le site de la Commission européenne, il servira notamment à des travaux consistant à creuser deux tunnels, respectivement longs de 34,75 mètres et 92,75 mètres, et à faire bâtir 17 viaducs. Ces ouvrages permettront de supprimer de nombreux virages par lesquels passe actuellement la ligne reliant Palerme à Messine en passant par Catane. Une double voie sera même construite sur certaines parties de la liaison afin de permettre un passage simultané de trains allant dans des sens différents. De quoi augmenter la fréquence des trains circulant sur cet axe et de réduire leur temps de trajet.
Plus rapides et plus réguliers, les tortillards siciliens devraient aussi, toujours selon la Commission européenne, augmenter l’accessibilité des ports de Catane, Palerme et Augusta. Ainsi que celle des aéroports des deux premières villes de la liste. C’est donc l’ensemble du réseau de transport de cette île d’une immense beauté qui bénéficierait des répercussions de l’amélioration de cet axe ferroviaire. Un constat qui souligne l’importance du train dans l’organisation globale d’un territoire donné et sa capacité à remplacer la voiture dans cette fonction.
Ce qu’il faut également retenir de l’attribution de ce budget de 101 millions d’euros par la Commission européenne à l’axe ferroviaire Palerme-Catane-Messine, c’est qu’elle témoigne de la volonté de Bruxelles de porter assistance aux régions européennes dites périphériques. Celles qui ne se situent pas dans le cœur vibrant du Vieux continent, entre Paris, Berlin et les autres grands centres économiques de l’Union. Ni même à côté d’une aire urbaine de seconde zone ou d’un grand port industriel. Souvent oubliées par les dirigeants nationaux et boudées par les dirigeants d’entreprises, ces zones ont besoin d’être mieux connectées aux grands axes économiques. Pour y parvenir, l’Union européenne mise donc sur la création et le renforcement d'infrastructures ferroviaires efficaces et pertinentes, bien moins polluantes que l’avion ou la voiture. Espérons que cela durera longtemps !
