Nous l’avons souvent dit dans les colonnes de Midnight Weekly : le train est considéré comme l’un des moyens de transport les moins polluants au monde. Et ce même si, comme nous en parlions dans notre article sur le Tren Maya, ce postulat ne tient la distance que s’il est accompagné d’une volonté politique adaptée. Mais plutôt que de continuer à ressasser les bienfaits écologiques du train, on s’est dit que cette semaine on allait vous le prouver par les chiffres. Allez, on fait le bilan (carbone) calmement de notre moyen de transport préféré en s’appuyant sur le modèle français.
Tout d'abord, il est bon de savoir que, selon le gouvernement français, le secteur des transports est le plus générateur de gaz à effets de serre puisqu’il représente à lui seul 31% des émissions du pays. En hausse de 9% depuis 1990, la quantité de CO2 dégagée par les transports est cependant stable depuis 2008. Dans le détail, 94% des émissions de GES liées aux transports sont imputables au transport routier, 4,4% à l’aérien et le reste au ferroviaire. Soit une partie considérée comme “négligeable” par le gouvernement français.
Mais ne nous contentons pas de si peu et allons plus loin dans la comparaison. Il existe en effet plusieurs chiffres clés qui révèlent avec précision les différences de bilan carbone entre les moyens de transport à notre disposition. Selon le comparateur de l’ADEME, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, un trajet quotidien de 5 kilomètres pendant un an génère 4,40 kg de CO2 en TGV, 5,84 kg en tramway, 6 kg en métro, 9,80 kg en Transilien ou en RER et… 353 kg en voiture. Constat brutal pour le transport routier et bon point pour le rail sous toutes ses formes. Et le constat n’est pas différent sur les longs trajets. Toujours selon cet outil, faire 500 kilomètres engendre 1,2 kg de CO2 par personne en TGV, 97 kg en voiture et 203 kg en avion.
Malgré ces chiffres plus que parlants, un argument est souvent opposé aux défenseurs du transport ferroviaire : celui du remplissage. En d’autres mots, est-ce qu’un avion plein vaut mieux qu’un TGV vide et ainsi de suite. A ce sujet, c’est l’excellent blogueur Bon Pote qui s’est livré à un calcul aussi minutieux que révélateur. Sur un Paris-Toulouse, il démontre ainsi que chaque passager émet 79 kg de CO2 s’il prend l’avion contre 1,374 s’il prend un TGV, soit 56 fois moins. Il faudrait donc que le train à grande vitesse soit 56 fois moins rempli que l’avion pour qu’ils soient équivalents au niveau de leurs émissions de GES. Sachant qu’un TGV embarque en moyenne 458 passagers, il faudrait qu’il n’en compte qu’un total de 8 (458 divisé par 56), soit une seule personne par voiture. Dur pour nos amis à réacteurs fonctionnant au kérosène.
L’analyse se porte ensuite sur un Toulouse-Marseille afin d’illustrer les courts courriers, puisque la distance entre les deux villes est de 311 kilomètres. Selon le comparateur de la DGAC, la Direction Générale de l’Aviation Civile, un tel trajet produit 62,1 kg d’équivalent CO2 par passager. Contre 2,2 kilos si le trajet est réalisé via un Intercités, selon le site OuiSCNF. Soit 26 fois moins de pollution que la voie des airs et, donc, entre 1 et 2 personnes par voiture. Enfin, le TER, 14 fois plus polluant que le TGV et 4,5 fois plus que l’Intercités, reste entre 4 et 6 fois moins émetteur de carbone qu’un aéroplane. Des chiffres qui s’expliquent par le fait que ces derniers utilisent des locomotives fonctionnant au diesel et qu’une partie du réseau TER ne soit pas électrifiée.
Enfin, il est important de préciser que si le rail français est particulièrement performant dans ce match, c’est parce qu’il s’appuie essentiellement sur l’un des mix électrique les plus bas carbone du monde, aux côtés de ceux de la Suède, de la Suisse et de la Norvège. Par ailleurs, l’importante capacité de transport de passagers de ses différents trains lui permet d’écraser les plus gros porteurs aériens du monde. Et pour cause, les deux étages d’une voiture de TGV peuvent embarquer jusqu’à mille personnes contre un maximum de cinq cents quarante personnes pour les versions commerciales les plus larges de l’Airbus A380. Vous l’aurez compris, à ce stade de l’histoire des transports, le ferroviaire demeure largement imbattable, même avec des trains peu remplis.