Faisons un détour lointain pour vous emmener...au Japon. Vous en conviendrez : il serait difficile pour une compagnie dont les trains vous feront voyager jusqu’au bout de la nuit, de ne pas regarder ce qui se passe au pays du soleil levant !
Alors que les Jeux olympiques viennent de commencer à Tokyo, c’est un tout autre fait divers qui y a suscité la controverse, récemment. Le 16 mai dernier, une enquête était ouverte après qu’un Tokyo-Osaka soit arrivé en gare avec une minute de retard. De quoi faire ouvrir de grands yeux dans nombre de pays où la ponctualité des trains est souvent décriée. Oui mais voilà, au Japon, on ne rigole pas, mais alors pas du tout, en la matière.
L’histoire veut que le conducteur du train incriminé n’ait pu réfréner un besoin pressant de se rendre aux toilettes, laissant alors les manettes du train au jeune chef de bord qui, faute d’avoir les autorisations nécessaires, ne toucha jamais les commandes. La pause technique réalisée, le conducteur reprit la direction du train, sans pour autant réussir à refaire son retard. Après avoir nié les faits, le conducteur fut contraint de les reconnaître, confronté aux images des caméras de surveillance embarquées. Si le verdict de cette affaire improbable n’est pas connu, cela en dit long sur l’importance apportée à la qualité du service ferroviaire nippon et la minutieuse régularité des trains n’en est qu’un exemple.
S’il est un pays d’amoureux des trains, le Japon est celui-là. Et les chiffres sont là pour le démontrer. Tokyo est le départ et la destination de la gare la plus fréquentée au monde : la gare de Shinjuku, qui a tout d’un labyrinthe pour les non-initiés, accueille en effet 1,3 milliard de voyageurs par an. Pour vous donner une idée, la Gare du Nord à Paris est la plus parcourue d’Europe avec donc seulement 200 millions d’usagers, chaque année.
La grande qualité de voyage à bord des trains japonais y est pour beaucoup. Le plus connu d’entre eux est évidemment le Shinkansen, ce train à grande vitesse parmi les plus rapides au monde, qui relie les villes du pays à grand renfort de confort. Moins célèbres et pourtant uniques en leur genre, les trains de la compagnie privée Kintetsu proposent une expérience comme peu d’autres de par le monde.
Et voici ce que vous pourriez envisager à bord du Blue Symphony (Osaka-Yoshino) ou du Shimakaze (Osaka-Kyoto-Nagoya-Kashikojima). Ces trains sont invariablement composés de six voitures : les voitures en tête et en queue ont une vue panoramique sur l’extérieur incluant la vision de la cabine du conducteur, totalement vitrée ; la voiture centrale est réservée pour les groupes de 3 à 6 personnes avec des espaces privés ; le wagon-restaurant s’étend pour sa part sur rien de moins que deux étages avec un service digne d’une table gastronomique. De quoi donner envie de se programmer un voyage à bord, une fois la pandémie derrière nous!
Pour une compagnie comme Midnight Trains, il y a aussi autre chose qui nous inspire (et nous fait saliver) au Japon : la culture unique en son genre de l'ekiben (駅弁). Contraction de eki-uri-bentô (plateau-repas vendu en gare), il est à des lieues de la malbouffe mondialisée qu’incarne le typique wrap poulet-curry mal fagôté et conçu un mois avant que vous ne l’ingériez, que vous pouvez le trouver à bord de trop de wagons-bars.
Embarquer à bord d’un train avec son ekiben fait partie des fondamentaux de l’art du voyage ferroviaire à la japonaise. Grâce à ses différents compartiments, le bentô vous permet un repas équilibré et complet, dont le point fort est d’être accessible à toutes les bourses. Cet art de voyager en saveurs va encore plus loin : l’ekiben est conçu dans une démarche ultra-locale, en phase avec les saisons.
D’une gare à l’autre, il n’est jamais le même. Selon que vous l’achetez près des côtes ou des montagnes, il sera plus axé sur les produits de la mer ou de la terre. Au Japon, les papilles sont aussi des auxiliaires d’une expérience unique de voyage : et ça, nous allons vous le rendre possible en Europe dès le départ de notre premier train transfrontalier, en 2024 !