Les passionnés de train sont souvent des gens qui aiment les chiffres, les expériences de pensée et la poésie des longs voyages. Parfois les trois en même temps. Après vous avoir parlé du plus long train de passagers au monde il y a quelques semaines, nous avons aujourd’hui eu envie de vous parler du plus long trajet en train réalisable sur notre planète (si l’on fait fi des restrictions dues au Covid-19 et à la guerre en Ukraine). Établi par les utilisateurs de ce qu’on appelle un subReddit, soit une sous-section du célèbre forum essentiellement anglophone, il fait évidemment l’objet de débats virulents entre ceux qui défendent son record et ceux qui prétendent qu’il est possible d’y ajouter quelques kilomètres d’une manière ou d’une autre. Mais dans le fond, peu importe car celui-ci est déjà complètement hors-normes. Il mesure 18.755 kilomètres, il prend trois semaines, traverse treize pays et nécessite au moins sept visas différents. Allez, on vous embarque.
Bien évidemment, ce parcours ferroviaire a été établi de manière cohérente. Ce qui veut dire qu’il suppose qu’on ne fasse pas d’allers-retours insensés ou que l’on passe d’un territoire à un autre si ceux-ci ne sont pas clairement reliés par des rails. Bref, pas d’exception pour un petit coup d’avion ou de bâteau. Sans surprise, cet itinéraire commence donc à un bout de l’Eurasie, au sud du Portugal, et se termine à son autre extrémité, à Singapour. Entre les deux, il passe par la Russie pour prolonger toujours un peu plus cette expérience étonnante.
On grimpe donc à bord du premier train à Lagos, dans la région portugaise de l’Algarve, bien connue des touristes britanniques. De là, on fonce jusqu’à Lisbonne, la capitale du pays, que nous avons déjà visitée ensemble. Attention, premier changement, en direction de Hendaye, au Pays Basque. Après avoir pris le temps de surfer quelques vagues et de profiter du soleil, on grimpe dans un tortillard pour Paris, le berceau historique de Midnight Trains. Là encore, on ne peut que vous conseiller de faire une petite pause pour profiter des splendeurs de la Ville-Lumière. Une fois que c’est fait, on embarque pour quarante heures de train jusqu’à Moscou, en Russie.
C’est à ce moment que l’expérience ferroviaire devient la plus intense. Et pour cause, notre prochain serpent de fer va circuler durant cent soixante heures jusqu’à la gigantesque capitale chinoise : Pékin. A partir de celle-ci, nous filons jusqu’au Laos en passant par Kunming grâce à la première véritable ligne de chemin de fer de ce petit pays montagneux dont nous vous parlions il n’y a pas si longtemps. Vous l’aurez compris, c’est un itinéraire particulièrement compatible avec la lecture de Midnight Weekly. A noter d’ailleurs que, si cette ligne n’était pas sortie de terre, ce trajet aurait été un peu différent et se serait arrêté au Vietnam. Il aurait donc couvert 16,898 kilomètres au lieu des 18,755 du trajet évoqué aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, depuis Vientiane, on monte dans un wagon qui nous amène à Bangkok, en Thaïlande où, au lieu de prendre le train flottant, on file à Padang Besar, au nord de la Malaisie. Puis, pour terminer cet incroyable voyage, on prend un train à destination de Singapour, l’étonnante cité-Etat située à l’extrême sud de la péninsule malaise.
Voilà, vous êtes arrivés. Mais surtout, malgré l’incroyable distance parcourue et la surréaliste complexité d’une telle entreprise, vous avez fait moins de mal à la planète que si vous aviez pris un avion entre Lisbonne et Singapour. Selon le site américain Mashable, prendre un tel vol vous aurait conduit à participer à l’émission de 1,67 tonnes de CO2 dans l’air. Alors qu’en optant pour le plus long trajet en train du monde, ce chiffre n’aurait été que de 0,08 tonnes de CO2. Plus étonnant encore, selon le blog ferroviaire Seat 61, cela ne vous couterait que 1.350 dollars, soit environ 1.255 euros, de billets de train. Ce à quoi il faut ajouter un certain nombre de nuits d’hôtels et de repas au restaurant car il est évidemment impossible d’enchaîner parfaitement tous ces trains. Bien sûr, c’est une somme conséquente mais elle n'est pas excessivement supérieure à celle d’une place dans un avion. Tenez-vous le pour dit.