À l’approche des fêtes de fin d’année, il est des destinations qui valent plus encore le détour tant tout semble y avoir été conçu pour une parenthèse faite de temps suspendu. Bruges est sans nul doute l’une de celles-là. Imaginez un peu : durant quatre siècles, la Venise du Nord s’est faite oublier au point d’avoir échappé à l’industrialisation. C’est donc un voyage dans le temps que nous vous proposons, cette semaine, dans une ville puissamment poétique. En avant !
La Venise du Nord, qu’on vous dit, et ce surnom n’est pas volé ! Les canaux sont les vivifiants synapses de Bruges : ils serpentent tranquillement à travers la ville et vous offrent une vue sans pareil, à chacun de leur recoin. Deux options complémentaires pour les découvrir : à pied comme en barque, le romantisme sera quoi qu’il en soit au rendez-vous. Vous découvrirez des ponts magnifiquement surannés, des places et églises embusquées, des jardins aussi secrets qu’inspirants, tandis que les bâtisses sculpturales longeant les canaux n’auront pour égal de leur beauté, que leur reflet impressionniste sur les flots.
Si la composante aquatique de la cité vous accompagnera au long de votre séjour, vous ne serez pas en reste à l’heure d’admirer l’architecture somptueuse des honorables vieilles pierres de Bruges. Pour vous en faire une première idée, direction le Markt qui n’est autre que la Grand-Place de la ville : il doit son nom au marché (vous l’avez?) qui s’y tient depuis...958 ! Les façades gothiques des édifices la ceinturent et histoire de compléter le tableau, il ne vous restera plus qu’à monter les 366 marches du beffroi qui surplombe le Markt. C’est de là-haut qu’un carillon de 47 cloches entonne sa symphonie, et c’est aussi arrivé tout en haut que vous découvrirez une vue imprenable sur toute la ville.
Changement de décor à présent, en prenant la direction du Parc du Béguinage ! Lui aussi est là depuis fort longtemps : ouvert en 1245, c’est là qu’étaient hébergées les béguines, des femmes émancipées, laïques mais ayant fait vœu de célibat, qui vivaient en communauté. Aujourd’hui, si le Béguinage est habité par des religieuses et des femmes célibataires brugeoises, cet espace est un havre de paix et de nature en toute saison, propice à la sérénité pour quiconque y vient déambuler.
Continuez ensuite à vous imprégner de la magie de Bruges en prenant le chemin de Notre-Dame : si le monument vaut lui-même le détour, il n’en recèle pas moins des chefs d'œuvres artistiques. Le plus impressionnant d’entre eux est, excusez du peu, La Vierge à l’Enfant de Michel-Ange, sculpture de marbre blanc du maître transalpin. Poursuivez alors sur votre lancée culturelle en entrant sans plus attendre dans le Musée Groeninge, un antre aux mille trésors de la peinture flamande: Van Eyck, Gérard David, Jérôme Bosch. Incontournable pour mesurer combien Bruges fut une capitale culturelle européenne avant l’heure, au XVe siècle.
Avant de vous prodiguer quelques conseils pour rassasier vos appétits sur site, le Frietmuseum (le Musée de la Frite, donc) nous offre une transition bien huilée. Car oui, vous êtes en Belgique et la frite est ici une institution. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur la frite, des débuts de la pomme de terre au Pérou au développement de la friture en territoire belge. Bon plan aussi pour tranquillement vous chatouiller l’estomac avant de passer aux choses sérieuses : vous pourrez conclure la visite par une dégustation de bon aloi.
Festoyons donc à présent ! Et pour commencer, un peu de douceur dans une ville dont les chocolats font la réputation. Et n’y allons pas par quatre chemins dans une ville qui compte plus d’une demi-centaine de chocolatiers, allez chez le meilleur d’entre eux : The Chocolate Line où Dominique Persoone vous impressionnera par ses créations originales voire sacrément inattendues (des chocolats à l’huile d’olive, vous dites?). Envie d’un verre avant de passer aux coups de fourchette? Ça se passe chez Cuvee ou chez Jus, pour des vins vivants comme il se doit. A l’heure de passer à table, on a plus que tout envie de vous inviter à vous attabler chez Sans Cravate : restaurant étoilé, les lieux n’étouffent pour autant pas de vile crânerie et la belle sélection de vins nature subliment des plats à vous faire carillonner de bonheur. Autre option, non moins savoureuse : Bruut pour une cuisine de bistrot à la brugeoise, qui vous réchauffera et vous régalera !