Cette semaine, Midnight Trains pose ses valises à Dublin, capitale de l’Etat d’Irlande (la partie sud donc) et de la Guinness, cette célébrissime bière brune sur laquelle les habitants ne tarissent pas d’éloge. La couleur sombre de ce breuvage n’est d’ailleurs pas sans rappeler les origines du nom de la ville. Fondée au IXe siècle par une colonie vikings, le nom Dubh Linn vient du gaélique utilisé pour désigner “l’étang noir” du coin. Mais rassurez-vous, la ville n’a plus de sombre. Au contraire.
Notre flânerie du jour commence avec une visite de la Cathédrale Patrick d’Irlande, le patron du pays, plus connu pour sa célébration arrosée de bière que pour son évangélisation de la région. Dès l’entrée, le bâtiment nous plonge brutalement dans un 13e siècle presque intact. Voûte époustouflante, boiseries complexes et blasons des grandes familles de la région, le voyage est total et on ressort de là avec l’impression d’avoir fini la dernière saison de Game of Thrones. Si vous êtes de la team des vieilles pierres, vous devriez ensuite pousser vers la cathédrale de Christ Church et le Dublin Castle. Mais nous, on vous emmène ailleurs.
Là, on débarque carrément à Poudlard. Sauf qu’à Dublin, l’école de sorcellerie - qui est en fait une prestigieuse université moldue - s’appelle le Trinity College. Et s’il n’est pas magique, le lieu recèle tout de même une bibliothèque de 65 mètres de long, sobrement nommée la Long Room, qui ferait pâlir les sorciers de jalousie. On y trouve évidemment des ouvrages exceptionnels parmi lesquels The Book of Kells, 340 pages faites en peau de veau tannée, couvertes d’enluminures et d’orfèvreries datant du Moyen-Âge. Un joyau.
Après autant de marche et de beauté, il est grand temps de se rendre faire une pause-déjeuner dans l’un des endroits les plus étonnants de Dublin. The Bank. Comme son nom l’indique, ce restaurant a pris ses quartiers dans le spectaculaire décor d’une ancienne banque. Au milieu, trône un bar devenu célèbre pour l’arbre qui pousse au milieu. Toujours animé et joyeux, ce lieu hors du temps vous permettra de profiter d’un délicieux lunch irlandais ou de classiques européens twistés avec une touche irish. Les plus gourmands iront digérer en visitant la Guinness Storehouse, les autres se remettront en marche pour la suite de la visite.
Allez, on monte à bord de l’élégante réplique du Jeanie Johnston, un fameux trois mâts devenu célèbre lors de la Grande famine qu’a connu l’Irlande au milieu du XIXe siècle. Contrairement aux autres navires qui ont emmené des milliers d’Irlandais affamés en Amérique, celui-ci n’a jamais compté un seul mort à son bord. Un véritable porte-bonheur qui lui a permis de passer à la postérité. Mais ne vous y trompez pas, les Dublinois ne vivent pas enfermés dans leur histoire. La ville est aussi un haut lieu de la culture où de magnifiques galeries comme Kerlin, RUA RED ou Pallas Project. Si c’est votre truc, ne passez surtout pas à côté.
Pour le dîner, direction Delahunt. Installée dans un ancien pub dont elle a gardé le cachet et la simplicité, cette petite merveille propose une carte et une sélection de vins aussi restreinte que subtile et imaginative. Une fois régalés et grisés, il ne vous restera plus qu’à grimper à l’étage pour profiter du bar à cocktails qui fleure bon les années 1950.
Enfin, prenez le temps d’aller vous accouder au zinc d’un pub irlandais, un vrai. Si un passage dans le quartier ultra touristique de Temple Bar est évidemment une option, on ne saurait que trop vous conseiller de vous en éloigner un peu. L’un de nos petits chouchous répond au doux nom de Ryan’s of Parkgate Street : on y boit évidemment des bières et des whisky de haut vol mais ce n’est pas tout. On y mange aussi des pâtés légendaires, des faux-filets dignes d’un roman de James Joyce et des huîtres. Si vous avez des envies de modernité, filez plutôt au Idlewild. C’est la figure de proue d’une nouvelle génération de pubs où on ne sert que des bières artisanales et des cocktails ultra bossés.
See you there, Dubliners !