Connue pour sa beauté et sa distinction légendaires, la ville de Bordeaux est surtout célèbre pour ses vins que le monde entier s’arrache. Pourtant, celle que l’on surnomme aussi bien La Belle Endormie que le Port de la Lune a beaucoup d’autres merveilles à offrir, que l’on aime les grands crus ou pas. Après vous avoir fait visiter Bucarest, Malaga et Catane, Midnight Weekly vous emmène donc cette fois dans cet endroit unique, pour vous en montrer un visage méconnu du grand public. Allez, on met le cap sur la Gironde pour une escapade bordelaise bien loin de celles que proposent les agences de voyage et les itinéraires touristiques classiques.
Vous l’aurez compris, cette promenade ne s’arrêtera pas par les nombreuses caves, les incomptables domaines viticoles ou la célèbre cité du vin. Mais que cela soit clair, bien loin de nous l’idée de vous décourager d’en profiter. Il s’agit en effet d’endroits merveilleux où un pan fondamental de la culture française est célébré quotidiennement. Vous n’avez toutefois pas besoin de nous pour y traîner vos palais et vos papilles. Notre premier arrêt se fait donc aux Bassins des Lumières. Considéré comme le plus grand centre d’art numérique de France, voire du monde, ce lieu hors du commun est né de la volonté des autorités de redonner vie à une base sous-marine construite par les forces d’occupation allemandes à partir de 1940. Et quelle réussite ! Les Bassins de Lumières proposent ainsi de nombreuses expériences artistiques immersives, visuelles et sonores, d’un genre parfaitement ahurissant. Des artistes du monde entier s’appuient en effet sur l’architecture hors norme de cette gigantesque base pour créer des expositions qui se reflètent dans les quatre bassins de 12 mètres de haut, 110 mètres de long et 22 mètres de large. A couper le souffle.
On remonte ensuite à la surface de Bordeaux pour se rendre au marché des Capucins. Parfois appelé “le ventre de Bordeaux”, ce marché chargé d’histoire a été créé au XVIIIe siècle sous l’impulsion du marquis de Tourny qui voulait réhabiliter ce quartier considéré comme très mal famé. Depuis, son histoire est profondément liée à celle de la ville. Au point qu’il s’agit aujourd’hui encore de l’un des lieux de vie préférés des habitants. Il suffit d’ailleurs de s’y balader pour en comprendre les raisons. Les stands de fruits, de viandes, de poissons, de vins et autres y créent une ambiance enivrante et émoustillent les sens. Les locaux ont même l’habitude d’y déjeuner avant de reprendre leur journée de travail ou de congé. En ce qui nous concerne, on va toutefois se réserver pour aller s’attabler un peu plus loin, à La Tupina.
Et attention, La Tupina n’est pas n’importe quel endroit tant il a été couvert de prix au cours des années, notamment par la presse anglo-saxonne. Celle-ci l’a élu meilleur bistrot du monde et restaurant de l’année dans les 1990s puis l’a classé parmi les 50 meilleurs restaurants du monde au cours de la décennie 2000. Cette auberge fondée dans les années 1960 a en effet de sérieux arguments. Dirigée depuis quelques années par le chef Franck Audu, elle est à la fois un lieu de résistance et de modernité. On y mange par exemple la légendaire sanguette, une crêpe au sang, au cou de canard et à la persillade, des frites cuites dans la graisse, de la lamproie, et même des soupes faites au chaudron (l’emblême des lieux, dont lui vient son nom en basque). Toute une poésie, tout un esprit, tout un plaisir.
Après s’être offert un pareil repas, on file se détendre au sein du Darwin Eco-Système, sur la rive droite de Bordeaux. Installé dans une caserne désaffectée, ce lieu protéiforme propose 20 000 mètres carrés de… de tout et de rien. Quelque part à la croisée entre un espace artistique, un centre culturel et sportif, une place de village, un gymnase et un squat berlinois, on peut y faire un peu ce que l’on veut, à commencer par flâner en sirotant un verre entre amis ou en famille. Le reste tient à la programmation du jour, à l’exposition du moment, à la performance artistique qui vous marquera peut-être pour toujours ou au concert qui vous donnera envie de danser. Incontestablement l'un des cœurs palpitants de la cité du Vin.
Dernière originalité de la journée : le cinéma Utopia. Évidemment, cela peut vous sembler bizarre qu’on vous conseille de vous enfermer entre quatre murs, mais c’est parce que ce cinéma n’est pas comme les autres. Installé dans l'église Saint-Siméon, construite entre le XIVe et le XVIe siècle, il offre une expérience hors-norme puisqu’on y regarde des films entre de superbes murs de pierres, sous une impressionnante charpente de poutres de bois. Sans surprise, ce cinéma indépendant accueille aussi des rencontres avec des réalisateurs, des événements sociaux et de nombreux festivals. Beaucoup de jolies choses dans un très joli cadre.
On termine cette escapade bordelaise dans un restaurant dont le nom est aussi poétique que la cuisine : L’oiseau bleu. Dans une salle colorée dotée d’une splendide terrasse plein Sud, ce restaurant bien connu des gourmets de la région mise avant tout sur le goût. A travers une cuisine d’une précision infaillible, le chef François Sauvêtre propose un véritable voyage qui se décline en trois, quatre ou six services. Bien sûr, on aimerait vous dire ce que vous allez y manger mais ce n’est pas vraiment possible. Et pour cause, ce sont avant tout la saisonnalité et les inspirations du maître des cuisines qui définissent le menu du jour. Fermez donc les yeux et confiez-lui votre palais, vous pouvez nous croire, vous serez transporté par cet “envol” promis par le menu. Sans surprise, la sélection de vins est un hommage à la ville de Bordeaux.