Cette semaine, on continue à réensoleiller cet automne grisâtre en filant à Malaga. Bien moins célèbre que ses grandes sœurs que sont Madrid et Barcelone, cette ville andalouse de plus de 580 000 habitants possède pourtant un patrimoine culturel exceptionnel doublé d’un beau paquet de trésors cachés pour qui sait où regarder. Alors on chausse ses plus belles lunettes de soleil, une petite casquette vintage et on file pour le sud du sud de l’Espagne, à une centaine de kilomètres à peine de Gibraltar.
La ville compte tellement de musées passionnants que, pour une fois, on commence notre excursion par la visite de l’un d’eux. Mais pas n’importe lequel, celui consacré au génialissime Pablo Picasso, né à Malaga en 1881. Ouvert en 2003 et installé dans un palais du XVI siècle, il contient pas moins de 200 œuvres du maître espagnol. De sa jeunesse à la fin de sa vie, en passant par ses périodes “bleu” et “rose”, la collection retrace les moments les plus importants du travail aussi pléthorique que fondamental de ce peintre qui a marqué l’histoire de la peinture. Les fans les plus acharnés de Picasso peuvent même continuer l’expérience en visitant la maison où il est né, avant de profiter de la toute proche Plaza de la Merced, de ses cafés débordant de vie et de son marché plus espagnol que l’Espagne elle-même.
On change radicalement d’ambiance en se dirigeant vers le quartier de Soho. Oui, vous lisez bien, et, non, nous ne sommes pas en train de visiter New York ou Londres. Longtemps délaissée et délabrée, cette zone a été réinvestie par des citoyens, dont beaucoup d’artistes, en quête d’une autre vie et d’une autre ville. Ils ont retapé de nombreux bâtiments et en ont couvert beaucoup de gigantesques fresques de street art, parfois hautes de plusieurs étages. L’initiative a tellement plu dans le milieu que de nombreux artistes internationaux comme Obey ou D*face sont même venus apporter leur touche. Au-delà du plaisir des yeux que constitue une balade dans le quartier, il s’avère aussi idéal pour une petite session de shopping parmi les boutiques plutôt perchées des environs. Faites-vous plaisir, c’est pour la bonne cause.
Après cette double dose d’art, on a bien besoin d’un petit break gastronomique. Pour ça, on se pose à l’une des tables du restaurant El Chinitas. En plein cœur de la ville, cette vénérable institution tire son nom d’un célèbre cabaret où se retrouvaient les artistes, les écrivains et les toreros de Malaga. Sans surprise, c’est donc là que l’on mange les tapas les plus traditionnels du coin, bien loin des plats graisseux de certains pièges à touristes, dans une ambiance inimitable. Et pour cause, chez El Chinitas, on mange au son du tintement des verres, à l’ombre des mosaïques traditionnelles et des portraits d’artistes qui couvrent les murs. Un pur moment d’Andalousie.
On file maintenant hors de la ville pour une promenade comme vous n’en avez probablement jamais fait : el caminito del rey. Longtemps considérés comme l’un des itinéraires de randonnée les plus dangereux du monde, ses presque huit kilomètres de long sont aujourd’hui parfaitement sécurisés et accessibles à toutes les personnes capables de couvrir une telle distance sans difficulté. Perché à plus de 100 mètres de haut, parfois tout juste large d’un mètre, il offre une vue à couper le souffle et une expérience digne des meilleures scènes d’Indiana Jones. Attention quand même. D’une part, cela vous prendra presque toute l’après-midi. D’autre part, une fois engagé dans le caminito, on ne peut pas faire demi-tour, même si on est fatigué ou qu’on a le vertige.
On rentre à Malaga pour terminer notre balade en beauté. Mais, une fois n’est pas coutume, on ne la termine pas dans un restaurant mais dans un bar : le Fonzo Tapas Bar. Tenu par un couple de passionnés de gastronomie et de bonne ambiance, c’est l’endroit idéal pour souscrire à cette immémoriale tradition espagnole qui consiste à dîner autour de quelques verres et d’assiettes à partager. Sauf qu’ici, il y a des règles. D’abord, les assiettes arrivent une par une, afin que les convives profitent vraiment des saveurs de chaque préparation. Ensuite, il faut accepter que le jamón Serrano et les patatas bravas soient remplacés par de subtiles tapas influencés par toute la cuisine méditerranéenne et essentiellement composés de légumes et d’épices locaux et biologiques. Croyez-nous, le jeu en vaut la chandelle, surtout avec cette déco complètement folle et une carafe de vermouth espagnol. Parce c’est ça, la véritable âme de Malaga : une tradition éternelle secouée par la modernité.