Si vous n’êtes pas français et/ou que vous ne connaissez pas Toulouse, il y a une information que vous devez avoir en tête : il s’agit du cœur palpitant de l’industrie aéronautique et aérospatiale de l'hexagone. Mais ce n’est pas parce que nous aspirons à un monde où les avions fonctionnant au kérosène seraient limités au strict nécessaire que nous allons vous priver d’une visite de la magnifique “Ville Rose”. Très différente de Cracovie, Birmingham et Salamanque, elle est clairement l’un des joyaux du sud de la France. Alors, on met un petit chapeau de paille, une paire de lunettes de soleil et on part se promener dans la capitale du Sud-Ouest.
Allez, on attaque sur les chapeaux de roues en se rendant directement depuis la gare jusqu’à un lieu dont le nom fait frissonner rien qu’à le prononcer : Les Abattoirs. Rassurez-vous, il ne s’agit évidemment pas de vous emmener dans un endroit digne d’une vidéo de l’association L214 mais bien d’un musée d’art moderne et d’art contemporain de la ville. Situés dans le charmant quartier Saint-Cyprien et labellisés “Musée de France”, les Abattoirs accueillent des collections permanentes, une bibliothèque, une galerie des publics, des ateliers, un auditorium, une librairie et un restaurant. Un cadre exceptionnel où la splendeur de la collection permanente n’a d’égale que la précision et la distinction des expositions temporaires. Un must absolu.
Toulouse est une ville méridionale où une importante partie de la vie se passe en extérieur. Pour profiter de son exceptionnelle ambiance, il est donc absolument essentiel de passer du temps dehors, notamment dans les différents jardins qui s’y épanouissent. Et s’il ne fallait en choisir qu’un, ce serait le très local Jardin Japonais. Petit pont de bois rouge au-dessus d’un lac couvert de nénuphars, mise en scène millimétrée du minéral comme du végétal, îlots symboliques et maison sur pilotis, tout a été mis en place ici pour retrouver le zen absolu des jardins de l’archipel nippon. A la différence près qu’il a été créé dans la ville rose dans les années 1980. Un petit secret toulousain dont il serait dommage de ne pas profiter.
A Toulouse, les bonnes tables ne manquent pas. Il en existe pourtant une que nous aimons particulièrement et que nous aimerions vous conseiller aujourd’hui : Le Saint-Sauvage. Véritable institution de la ville, on y déjeune dans une ambiance intimiste et conviviale dont la perfection est renforcée par un service chaleureux et une cuisine d’un exceptionnel raffinement. Derrière ses fourneaux, la cheffe Valérie Cohen rivalise en effet de créativité pour sublimer chaque jour un peu plus les produits locaux. A n’en pas douter, le meilleur exemple de ce travail est le surprenant ris de veau rôtis aux pistaches, au citron vert et aux girolles qui nous rappelle que cette pièce un peu oubliée des gourmets n’a pas dit son dernier mot.
Les avions ne sont pas les seuls appareils qui peuplent l’imaginaire toulousain, il y a aussi le minotaure. Haut de 14 mètres et lourd de 47 tonnes, ce gigantesque animal mécanique, créé par la même équipe que celles des machines de Nantes, est probablement la créature la plus hallucinante de la ville de Toulouse. Semblant tout droit sorti de la mythologie antique, il déambule sous les yeux hallucinés des passants. Mais ne vous y trompez pas, c’est un monstre gentil sur lequel il est possible de faire une balade le long de la Piste des Géants, une ancienne piste de l’Aéropostale. Si vous êtes amateurs de constructions loufoques, prenez aussi le temps de rendre visite aux autres créations de l’écurie des machines. Certaines sont si petites qu’elles tiennent dans le creux de la main. Des rencontres splendides que l’on ait 7 ou 77 ans, ou n’importe quel âge compris entre les deux.
Pas d’eau mais plein de photos ! Voilà le slogan de la dernière visite de notre escapade toulousaine : le Château d’Eau. Installée dans un bâtiment du XIXe siècle, cette galerie spectaculaire est un passage obligatoire pour tous les passionnés de beaux clichés, qui y trouveront des expositions ultra pointues rassemblant les œuvres des plus grands noms de la photographie mondiale. Et si vous êtes du genre à aimer pousser un peu plus loin, le Château d’Eau abrite aussi une grande bibliothèque municipale essentiellement consacrée à l’image. Bref, vous auriez tort de priver vos yeux d’une telle visite. Enfin, en sortant, faites quelques pas en direction du Pont Neuf, le plus vieux de la ville, pour observer la petite sculpture de “l’enfant au bonnet d’âne” qui se cache dans un de ses recoins. C’est un récent mais joli symbole de la ville, dédié à tous les laissés pour compte, toutes les minorités et tous les incompris.
Quand on pense à la gastronomie toulousaine, on pense immédiatement au très médiatique mais non moins emblématique chef Michel Sarran. Mais puisqu’il collabore désormais à l’élaboration des menus de la SNCF, on vous laisse découvrir ses talents en voiture 4. A la place, on se rend au Jardins de l’Opéra dont les cuisines sont tenues par le très talentueux Stéphane Tournié. Passé par d’immenses maisons françaises, il propose ici une cuisine étoilée au guide Michelin où les classiques de la région sont sublimés par des associations ambitieuses, comme ce ris de veau braisé, sauce blanquette au citron et langoustine rôtie. Dans une salle épurée et surmontée d’une splendide verrière, cette gastronomie se décline à travers des menus en quatre ou sept temps qui permettent une exploration profonde du talent du chef. Une bien belle manière de rendre hommage à l’amour des Toulousains pour la bonne chère.