Un hôtel sur rails. Tenir la promesse que nous avons faite depuis l’annonce de la création de Midnight Trains, c’est ce qui nous anime au quotidien. Après vous avoir raconté comment s’envisageait la conception d’un train dans notre série Designer un train, mode d’emploi simplifié, nous avions envie de vous donner à voir l’articulation nécessaire pour passer du compartiment que vous avez toujours connu à la chambre d’hôtel embarquée que vous ne voudrez plus quitter.
Pour cela, rien de tel que de faire appel au duo composé par l'architecte Patricia Bastard et le designer Julien d’Hoker. Ensemble, ils composent le binôme à la tête de Yellow Window, qui n’est autre que la French Touch de l’aménagement de nos trains. Cette semaine, Patricia et Julien lèvent un peu plus encore le voile sur leur travail au service de vos voyages confortables et durables à bord de Midnight Trains.
“Dessiner un hôtel sur rails, c’est littéralement déplacer un hôtel et le mettre sur des rails : l’image est belle mais la réalité est tout autre ! Car pour que notre projet soit sur des rails, c’est sur eux qu’il faut se pencher. Les rails peuvent en effet être synonymes de beaucoup d’entraves ; des contraintes d’espaces, de poids, de sécurité, de maintenance, de coûts… Et avec toutes ces contraintes, il faudra que nos voyageurs puissent vivre une expérience sans pareil !
Une expérience mémorable à chaque moment du voyage, qu’ils se restaurent, travaillent, se reposent, se distraient, dorment, rêvent… Une expérience qu’il faut penser, signifier et communiquer. Alors comment fait-on ? On fait appel à des designers et on leur demande de devenir magiciens, des magiciens qui font disparaître le train et apparaître l’hôtel.
Les designers ferment les yeux et se mettent dans la peau des voyageurs, imaginent leurs besoins, leurs ressentis, leurs émotions et se projettent dans une nuit à bord de Midnight Trains. Dès lors, il s’agira de dessiner le train en s’attachant à résoudre par les choix de design, chacune des dualités d’un hôtel sur rails.
Pour commencer, tout est question de design de l’invisible face au design du visible. Le design va s’appliquer à faire disparaître tout ce qui se voit habituellement dans un train et à explorer les choses qui ne se voient pas mais se ressentent. On estompe tous les éléments à connotation technique et antinomique avec un environnement confortable : vis, charnières, grilles de ventilation, voyants de sécurité,… On travaille avec finesse et précision l’insonorisation, le toucher et la résonance des matériaux, l’odeur des matières, la discrétion de l’information,… Tous ces éléments que l’on pourrait voir les yeux fermés.
Le design met ensuite l’intemporalité aux prises avec les tendances. Il va s’astreindre à construire une atmosphère pérenne, en adéquation avec le cycle de vie de plusieurs décennies qui est celui d’un train. On recherche par les choix de matériaux et de couleurs à créer un nouveau classique, une ambiance qui ne se démode pas et peut par des petites touches se remettre facilement au goût du jour.
Design s’inspirant de l’architecture ou de la stylistique du transport, il faut aussi choisir. Exit les dessins surchargés et torturés, le design s’exprime par l’équilibre des lignes et la simplicité de son langage formel. Le design va créer des lieux, des pièces de vie ! On laisse apparaître des perspectives, des échappées pour que chaque espace puisse mettre en scène l’expérience vécue. On transforme en fenêtre la baie du train, en lobby la plateforme de la voiture-restaurant, en galeries les couloirs de communication.
Le design de confort prend aussi le pas sur celui de la modularité. Il va ainsi privilégier le confort, la facilité et l’évidence des fonctions et bannir l’esprit de modularité propre au train-couchette. On propose de vrais lits, de vrais matelas, de vraies tables, de vraies patères,… On n’escamote pas la fonction, elle est lisible et toujours présente.
Enfin, tout consiste à donner l’avantage au design de l’espace intime face à celui de l‘espace partagé. Le design va offrir à chaque voyageur un espace intime pour dormir, il ne partage jamais son espace avec un inconnu, il est dans sa chambre. On délimite des espaces de vie par des jeux de cloisons fixes, coulissantes, semi-transparentes, de claustras ou de rideaux. On crée de l’intimité par l’appropriation, le design permettra au voyageur de personnaliser la chambre où il prend place le temps d’un voyage, pour que cette chambre devienne sa chambre.
Le design de Midnight Trains sera le fruit d’une aventure humaine partagée, d’une vision croisée entre une vraie ambition, sa perception et sa traduction par les designers de Yellow Window, et les contraintes industrielles et réglementaires qu’impose le monde ferroviaire.